Dessin en couleurs représentant Brahms jouant sur un piano à queue

  • Oct 10, 2024

Aimez-vous Brahms ?

  • Jérôme Pernoo
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Dans cette playlist, j'ai choisi pour vous les versions disponibles qui m'ont le plus touché, toujours en privilégiant les enregistrements de concert. N'hésitez pas à partager vos propres idées et suggestions ou vos coups de cœur en commentaires. Bonne écoute !

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Pour ouvrir ce panorama en dix œuvres de la musique de Brahms, je vous propose de commencer par sa première grande œuvre orchestrale, achevée à l'âge de 25 ans.

Il est très rare que j'évoque les interprètes, mais ici je ne peux manquer de rendre hommage à notre ami, si regretté, Nicholas Angelich, sublime d'humanité dans ce concerto comme à chaque fois qu'il posait les mains sur un piano, disparu beaucoup trop tôt le 18 avril 2022.

1er Concerto pour piano et orchestre op. 15 (1854-1858)

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Peu après, Brahms écrit pour violoncelle et piano. La succession des trois mouvements qui composent cette sonate donne l'illusion de traverser l'histoire de la musique à rebours : le lent premier mouvement est romantique, le second évoque le classicisme du menuet et le finale une fugue de Bach.

Sonate pour violoncelle et piano n° 1 op. 38 (1862-1865)

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C'est alors que Brahms s'attelle à l'écriture d'une œuvre magistrale : un Requiem allemand. Écrit peu après la mort de sa mère et celle de Robert Schumann, ce Requiem n’est pas une messe liturgique traditionnelle, mais plutôt une méditation profonde. Brahms a choisi l'allemand plutôt que le latin de l’Église, d'où son titre.

Un Requiem allemand, op. 45 (1857-1868)

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Cette fois pour célébrer la vie, Brahms entreprend une série de 21 danses basées sur des thèmes folkloriques hongrois. Initialement écrites pour piano à quatre mains, elles ont ensuite été arrangées pour orchestre. Vous avez forcément entendu les plus célèbres d'entre elles : n° 1, n° 5 et n° 6.

Brahms, dans sa modestie légendaire, informe son éditeur qu'il n'est pas nécessaire de mettre son nom en tant qu'auteur affirmant qu'il avait simplement couché sur le papier des musiques traditionnelles qu'il avait entendues.

Et pourtant ! S'il existe une leçon sur la manière de transformer un air folklorique en œuvre d'art, c'est bien celle-là :

Danse hongroise n° 1 WoO 1 (1868)

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Pour cet amoureux de la musique du passé, pour cet admirateur sans bornes de Beethoven, comment se sentir à la hauteur pour écrire un quatuor à cordes ? Ce ne sera qu'après une longue période d'incertitude sur ce genre que naîtront deux quatuors, les deux dans une tonalité mineure et sombre. Le deuxième commence par un thème construit autour des notes fa-la-mi (F-A-E en allemand) symbole de la devise du grand violoniste Joachim Frei aber einsam...

Quatuor à cordes op. 51 n°2 (1865-1873)

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Et c'est justement pour son ami Joseph Joachim, celui qui l'a fait venir chez les Schumann lorsqu'il était jeune et inconnu, qu'il compose une de ses plus belles œuvres :

Concerto pour violon op. 77 (1878)

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Et voici donc la fameuse symphonie dont nous parlions plus haut, qui commence par les trois notes F-A-F (fa-la-fa, en allemand). Ses amis ont interprété cela comme une réponse à la devise de Joachim — F-A-E pour Frei aber einsam (Libre mais seul) — en la traduisant par Frei aber froh (Libre mais heureux). La Troisième Symphonie est souvent considérée comme son autoportrait musical.

Mais cette symphonie est surtout fameuse aujourd'hui pour son troisième mouvement présent dans le film adapté du roman de Françoise Sagan, Aimez-vous Brahms...

Symphonie n°3 en fa majeur, op. 90 (1883)

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Mais Brahms est aussi un des plus grands maîtres de la musique de chambre avec piano.

Son Quintette avec piano est un sommet. Il a connu plusieurs phases de composition, et Clara Schumann y a joué un rôle décisif. Il avait initialement conçu cette œuvre pour deux pianos. Brahms l’a d’abord fait entendre à Clara, qui l'a appréciée à sa juste valeur, tout en jugeant que la forme ne rendait pas justice à l’intensité de ses idées musicales. Sur ses conseils, il transforme l'œuvre en un quintette à cordes. Mais cette version manquait de la profondeur et de la couleur qu’il recherchait.

Finalement, après avoir à nouveau discuté avec Clara, il trouva la solution idéale : associer le piano à un quatuor à cordes. Cette combinaison donna au quintette une dimension orchestrale tout en conservant la richesse et l’intimité de la musique de chambre, et Clara salua cette version finale comme un véritable chef-d’œuvre.

Quintette avec piano en fa mineur, op. 34 (1862, révisé en 1864)

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En 1890, à 57 ans, Brahms décide de cesser de composer, considérant qu'il avait déjà tout dit et qu’il préférait ne pas risquer d’affaiblir son héritage musical. Il annonce donc à ses amis qu'il prend sa "retraite" de compositeur, se sentant épuisé et jugeant que son inspiration s’amenuisait.

Mais tout change lorsqu’il rencontre en 1891 le clarinettiste Richard Mühlfeld. Ce dernier joue tellement divinement qu'il redonne à Brahms l'envie d'écrire. On peut le remercier ! C'est grâce à lui que Brahms nous offre alors ses œuvres les plus poétiques, quasiment abstraites : deux sonates pour clarinette et piano, un trio pour clarinette, violoncelle et piano et ce merveilleux Quintette :

Quintette avec clarinette op. 115 (1891)

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On sent alors Brahms dans une période de sa vie marquée par la mélancolie et l’introspection. Nous finirons ce voyage avec lui par une pièce pour piano seul inspirée de légendes écossaises et berceuses populaires, un intermezzo fait de douceur et de résignation. Il semble murmurer un chant nostalgique, comme un regard tendre et apaisé sur le passé.

Intermezzo op. 117 No. 2 (1892)

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