• Nov 28, 2025

Playlist : Requiem(s)

  • Jérôme Pernoo
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Pour ce voyage, je vous propose de commencer par un court extrait de l’un des plus beaux monuments de la polyphonie sacrée.

1

Gravité, lumière intérieure, intensité spirituelle portée par des harmonies d’une grande noblesse.

Victoria – Officium Defunctorum (extrait) - (1603)

2

Voici une œuvre que Mozart admirait. On sait qu'il tenait la partie d'orgue lors de la première exécution de cette œuvre écrite par son ami Michael Haydn (frère du célèbre Joseph). Mozart avait 15 ans. À bien des reprises vous constaterez que cette œuvre est restée gravée dans sa mémoire jusqu'à l'écriture de son propre Requiem, vingt ans plus tard.

Écoutez d'abord le deuxième mouvement (Dies Irae) s'il faut vous en convaincre !

Michael Haydn – Requiem (1771)

3

Bon allez, "le" chef-d'œuvre du genre. Un mélange unique de drame, de clair-obscur et de consolation lumineuse.

Après la mort de Mozart, l'œuvre est achevée par ses élèves (notamment à partir du Sanctus), à la demande de sa femme Constance.

Mozart – Requiem, K. 626 (1791) - Présentation écoute guidée

Tarif spécial Club

4

Transition parfaite vers le XIXe siècle. Cimarosa nous offre une belle synthèse entre héritage classique et sensibilité romantique naissante.

Cimarosa – Requiem in G minor (1816)

5

Nous entrons maintenant dans le grand romantisme : le Requiem devient une méditation sur le sentiment humain plutôt que sur la liturgie.

Brahms remplace le rite latin par des versets bibliques en allemand (Luther est passé par là !) et donne à l’ensemble le ton de l'introspection et de la consolation.

Brahms – Un requiem allemand, op. 45 (1865–1868)

6

Une déflagration dramatique, presque théâtrale, où Verdi met toute sa science de l’écriture vocale au service du texte latin.

Le Dies Irae est l’un des épisodes les plus saisissants de tout le répertoire sacré.

Verdi – Messa da Requiem - Dies Irae (1874)

7

Dvořák est à un moment particulier de sa vie : à l’approche de la cinquantaine, il ressent le besoin de regarder son parcours, de faire le point sur ce qu’il a accompli, comme compositeur et comme homme.

Lorsqu’à cet instant précis on lui commande « une œuvre d’importance », il décide qu’il s’agira d’un Requiem.

Dvořák – Requiem, op. 89 1er mouvement (1890)

8

Fauré compose l’un des requiem les plus sereins du répertoire. Aucune emphase dramatique. Trente minutes avec les anges.

Là, j'avoue, j'ai un petit faible. À chaque fois que j'écoute cette œuvre, je me sens... in paradisum !

Chaque mouvement vous offrira son lot de lumière, d'apaisement et de douceur.

Fauré – Requiem, op. 48 (1888 / 1900)

9

Vous serez désormais l'une des rares personnes à connaître l'existence du Requiem de Saint-Saëns.

Une œuvre injustement méconnue, écrite en mémoire d'un ami et mécène, qui lui avait commandée pour le premier anniversaire de sa propre disparition.

Saint-Saëns a dû apprécier le délai accordé par le mécène entre sa disparition et la première exécution de l'œuvre !

Saint-Saëns – Requiem, op. 54 - 1er mouvement (1878 / publié 1900)

10

Un des sommets du répertoire choral français : le Requiem de Duruflé.

Dans la veine de celui de Fauré, l’œuvre est méditative. Elle s’appuie presque entièrement sur le chant grégorien. Duruflé en reprend les lignes mélodiques à profusion.

Duruflé – Requiem, op. 9 - Sanctus (1947)

11

Composé pour la consécration de la nouvelle cathédrale de Coventry, reconstruite après les bombardements, Britten mêle le texte latin de la messe des morts aux poèmes d’Owen, jeune soldat anglais tombé en 1918.

Conçu dans un esprit de réconciliation et porté par l’idée que tous les peuples partagent la responsabilité d’éviter la répétition d’un tel conflit, le War Requiem est une méditation — parfois d’une douleur extrême — sur les pertes entraînées par la guerre.

On dit que Chostakovitch y voyait l’œuvre musicale la plus importantes du XXᵉ siècle. Rien que ça.

Britten – War Requiem, op. 66 (extrait) - (1962)

12

Et pour les amateurs qui voudraient terminer leur voyage comme dans 2001 l'Odysée de l'espace, dans un grand frisson psychédélique, voici ce qu'il vous faut : une des musiques les plus terrifiantes du XXe siècle.

Si avec ça le Seigneur ne prend pas pitié, il n'y a plus qu'à vivre le plus longtemps possible.

Ligeti – Requiem, Kyrie (1963–1965)

Et vous ?

Quel requiem vous accompagne ? Est-ce une page précise, un souvenir de concert, une émotion particulière ?

Vos réponses nourrissent les prochains numéros de la Feuille du Mélomane.

Partagez-les en commentaires sur le blog !

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